Le début de l’échange

Je regarde une photographie de mon petit-fils. Et je la compare à une autre un peu plus « ancienne ».

Sur celle où il n’a que quelques semaines, six au plus, sa présence se limite à être, avec un regard fixe dont on voit clairement qu’il ne lui permet pas encore de voir. Il manifeste son être là, simplement.

Avec la photo postérieure, tout est différent. Dans les bras de sa mère et photographié par son père, il regarde celui-ci avec un air que l’on peut qualifier d’espiègle, quêtant sa réaction pendant qu’il lui tire discrètement sa petite langue (discrètement, pas pour provoquer comme sur le célèbre cliché d’Albert Einstein !). Il sait que son père est là, le regarde, peut-être l’imite-t-il, et il sent qu’il peut susciter sa réaction avec ce petit mouvement, ce que son regard qu’il lui adresse très précisément cherche à voir avec une grande acuité.

À quatorze ou quinze semaines, une telle présence à l’autre est tout bonnement remarquable. Et, bien entendu, je ne le dis pas du tout parce qu’il est mon petit-fils, ni parce que je suis son grand-père.