Sur 10’000 mots en 500

Dans le sillage d’un Monsieur 100’000 volts que les anciens connaissent, je me contente de 10’000 mots, le nombre exact qui constitue la page de ce site dédiée à l’écriture au moment où je trace ces lignes. Il est là aussi question d’énergie, mais d’une autre sorte. Répartis en 12 brefs chapitres, cela fait moins de 1000 mots pour chaque. Peut-être la rondeur du nombre invite-t-elle à penser que j’ai fait le tour de ce que j’avais à dire sur cette approche quelque peu scripturo-centrée de mon travail, et qu’il n’est pas indispensable d’écrire 50, 100 ou 200 réflexions différentes à propos de ce travail d’écriture. C’est tout au moins ce que je serais tenté de penser à ce stade, et serai quoi qu’il en soit amené à constater tôt ou tard.

Indépendamment de cette petite publicité pour une page que les statistiques de fréquentation montrent un peu morose, je ne saurais franchement dire ce qu’il en sera compte tenu de l’investissement pour les autres pages qui progressent également, ainsi que les ouvrages en projets manifestes ou latents, y compris mes collections de rêves et de poèmes, un journal à mon fils qui court sur plus de dix années, divers essais en gestation et des romans plus ou moins épiques, sans compter d’autres papiers épars de différentes formes, longueurs et statuts qui ne demandent qu’à enrichir ma collecte. J’ai peu de doute sur le fait que ces nombreux projets et d’autres – l’une ou l’autre exposition de sérigraphies aux couleurs bien denses, couvrantes et vives d’un sélection de mes dazibaos me satisferait grandement – ne pourront tous être menés à terme au vu du temps potentiel que j’ai à mon âge, mais je vais y travailler avec la détermination qui convient, pas seulement pour l’écriture, l’édition et la fabrication, que je connais assez bien, mais aussi pour la diffusion et la promotion, qui me sont peu familières et m’ont à vrai dire toujours plus ou moins laissé perplexe. Je précise que tout cela progresse avec le réchauffement récent d’un désir « Arts & Crafts » qui me ramène à mes jeunes années d’artisan, signe indubitable de la vieillesse dont l’apanage est, comme chacun sait, l’accroissement de la sagesse avec les leçons enfin tirées de toutes les intuitions juvéniles restées si longtemps utopiques.

Je ne ferai jamais partie des auteurs qui ont écrits 100 livres (*), car ce poids n’est pas nécessaire pour faire le tour des questions qui m’importent et pour marquer une empreinte dans le noble art de la pensée philosophique et existentielle. Je le dis à mes contemporains comme à mes descendants, car mes prédécesseurs n’ont pu que m’aider à leur façon dans mes conquêtes sans que j’aie pu leur rendre la pareille, comme vous vous en doutez pour une bête question spatio-temporelle qui toujours nous pousse en avant. Ayant plus ou moins exploré les tensions gravitationnelles qui ont marqué cette trace d’existence à l’origine, ce sont désormais les forces expansionnistes et leurs contenus aux trois-quarts obscurs auxquelles je voue mes soins pour y lancer un peu d’énergie lumineuse, celle dont je suis évidemment capable.


(*) En disant cela, je ne tiens pas compte de mes publications scientifiques professionnelles dont le statut est tout autre.