L’actualité, toujours l’actualité ! Suivre le fil des nouvelles pour se tenir au courant. Réagir à toute cette nouveauté qui, par définition, apparaît à chaque instant. Avoir un avis, le donner. Puis passer à autre chose puisque, toujours de façon inhérente, il le faut bien si l’on veut suivre ce fil en perpétuel mouvement. Une perpétuité à vrai dire guère engageante quand on y songe sérieusement, même brièvement. Ce changement récurrent nous laisse en effet toujours un goût d’inachevé puisqu’il est fait pour ça : nous maintenir en alerte sans jamais pouvoir aboutir à un assouvissement. C’est comme avec les jeux d’argent, où l’on sait qu’au bout du compte on va finir par tout perdre, surtout si l’on ne peut s’arrêter, mais auxquels on ne peut s’empêcher de s’adonner, cherchant contre toute raison à forcer son destin.
Et puis, il y a le fait de vivre le moment présent. Lui aussi est actuel, mais d’une tout autre actualité. Ce peut être l’approfondissement de son momentum à soi, ou de celui de ses proches, passant par la mise à jour des sentiments vrais sur ce que l’on est en train de vivre; une pensée qui permettra l’échange, mais avec qui cherche aussi bien cette intensité, visant un véritable assouvissement. Sinon à quoi bon ? Cette recherche de sens qui permet, dans les meilleurs moments, la bienfaisante compréhension d’un lien entre passé et avenir, lien qui ne se construit qu’au présent. C’est donc un vrai travail, pas une distraction. Je n’y arrive personnellement pas encore en tout temps ou en toutes circonstances, mais de plus en plus souvent.
Dans un cas on reste à la surface des choses, baignant dans la force d’inertie des obscurités de son propre inconscient, dans l’autre on explore leur profondeur, y trouvant ses propres traits d’énergie lumineuse. En précisant encore que les deux façons de faire, suivi de l’actualité ou vécu du moment présent, sont souvent hélas en complète opposition. Voilà qui donne à penser, non ?
Ah ! Oui. Encore faut-il rendre raison de l’argument traditionnel aussitôt brandit par ceux qui assimilent bain dans les idées convenues de l’actualité à intérêt pour autrui versus compréhension de soi à nombrilisme. On peut tranquillement les laisser dire sans être autrement impressionnés par leur ton toujours péremptoire. Quand on prend la peine de suivre à la trace les actions réelles de ces donneurs de leçon qui savent ce qu’il faut faire pour les autres et le monde sans avoir besoin de passer par leurs propres motivations et sentiments – et Dieu sait si, de nos jours, il n’en manque pas ! –, ce qu’on découvre relève systématiquement de la plainte et du jugement sans la moindre instruction, caractéristique de toute tyrannie.