Dans une pensée dont je ne me souviens plus si elle était diurne ou nocturne, et que j’ai mise en exergue sur la page d’accueil de ce site, il est question de notre espèce humaine qui est la seule capable de détruire son habitat et de se détruire elle-même. Il s’agissait bien de mettre en évidence ce qui nous caractérise de façon singulière et collective, dans ce cas sous l’angle de la capacité de nuisance.
Une telle « capacité », ou plutôt déficience, se reflète encore une fois dans le dernier rapport du groupe d’expert intergouvernemental sur le climat qui tire pour la énième fois la sonnette d’alarme. Tous ceux qui prennent la peine de réfléchir vraiment à cette question savent déjà que, comme le résume l’excellent physicien vulgarisateur David Louapre que mon fils m’a fait découvrir, s’il y a une espèce fragile qui disparaîtra bien avant la planète, c’est tout simplement la nôtre.
Une espèce qui s’autodétruit en détruisant son environnement, cela s’appelle en bon français un suicide. Dire qu’il est collectif ne réduit en rien la responsabilité particulière des élus et responsables qui en nient la mise en œuvre, par leurs paroles ou par leurs actes; cela la met au contraire en évidence. Mais cela n’obère pas non plus la responsabilité de chaque être humain doué de conscience aussi bien que, hélas, d’inconscience.
C’est en prenant un peu de recul qu’apparaît la responsabilité plus large d’un monde moderne et contemporain qui, ayant peu à peu décidé qu’il pouvait se passer de toute transcendance, s’en est remis à son seul pouvoir et savoir immanent dont il porte de ce fait le poids exorbitant. En y mettant des formes, il a bien sûr cherché comme toujours des boucs émissaires, ici dans d’abstraites constructions dont il a le secret, telles la Nécessité ou le Hasard. L’on voit où une telle évolution civilisationnelle nous mène, dans le désespoir d’un néant autoproclamé et d’une course à la catastrophe orchestrée par nos soins à laquelle nous courrons de plus en plus vite.
Ah! oui. On connaît la recette pour dénigrer et bannir toute force spirituelle au-delà de notre humaine condition, c’est de la déclarer incapable de retenir notre bras autodestructeur pour nous protéger, ce qui prouverait son inexistence. Voilà bien de l’infantilisme le plus crasse, celui qui s’en remet comme autrefois à son papa et à sa maman comme on dit aujourd’hui. Vu que Dieu le père n’existe plus, seule mère Nature porte désormais toute la responsabilité dans cette affaire, et merci pour elle.
Puisqu’on est des grands maintenant, ne serait-il pas temps de s’émanciper et de porter intégralement la responsabilité de nos actes en les assumant, que ce soit pour notre environnement ou pour nous-mêmes ? Ne pas partir de là condamne en effet au simple et toujours tragique passage à l’acte, celui qui, évitant la prise de conscience, réalise le pire.
P.S. Nos existences sont à l’évidence remplies de ce qui peut s’apparenter à des passages à l’acte, sous forme de procédures « automatisées » qui nous simplifient la vie en nous dispensant de penser à tout ce que nous faisons. C’est sur les questions les plus importantes qu’il s’agit d’une façon de faire morbide et, au bout du compte, mortelle.