Taxez-moi svp ! (j’ai assez gagné)

Dans une information transmise aux médias, on apprend que 83 ultra-riches (millionnaires et milliardaires) demandent aux gouvernements du monde entier, et ce n’est pas la première fois, de rééquilibrer les ressources en augmentant leurs impôts « immédiatement, substantiellement et de manière permanente ». Voilà qui est tout à leur honneur.

Ce qui choque, dans cette annonce, c’est qu’il faille que ce soit les principaux bénéficiaires d’une taxation inique, même s’ils restent très minoritaires à « trahir leur classe » ainsi qu’ils le proclament eux-mêmes, qui demandent un tel rééquilibrage à ceux qui sont censé représenter les intérêts de l’écrasante majorité des habitants de la planète. On peut bien entendu noter que ces derniers sont, pour la plupart, aussi des citoyens qui ont démocratiquement élus ces politiciens, révélant par là le degré de leur aliénation de classe, précisément. Cela ne dispense toutefois en rien ces « représentants du peuple » – ben voyons ! – de leur propre responsabilité.

Personne au fond n’ignore que, quand ils défendent prioritairement les intérêts des riches au nom de l’économie, comme ils disent, ces élus défendent le plus souvent leurs propres intérêts, passés, présents ou futurs. Cette formule, répétée tel un mantra, cache derrière cette abstraction (*) des rapports de force qui sont, eux, bien réels. Ces rapports de force permettent aux « forts », érigés en « gagnants » bien au-delà de faire fonctionner le système, de profiter des « faibles », désignés comme « perdants » bien en deça des limites de la simple survie pour tous. Que certains des premiers demandent eux-mêmes plus de justice sociale devrait normalement couvrir de honte les cyniques qui nous gouvernent. On imagine pourtant bien que ces derniers ont depuis longtemps abandonné, avec ceux qui croulent sous leur misère, tout sentiment de justice qui ne repose pas essentiellement sur l’auto proclamé « mérite » d’être plus fort, ou plus malin, et donc gagnant.


(*) Je rencontrerai volontiers « l’économie » par l’entremise de qui pourra me la présenter.