On confond souvent la mort avec le néant pour ne pas avoir à envisager la vie de l’âme dans le spirituel, sans le corps, à laquelle elle pourrait conduire.
C’est là notre façon de nous accrocher à ce corps auquel on s’est identifié, enfant, comme hypnotisé par ce miroir dans lequel on l’a découvert, à l’âge qui coïncide aussi – tiens donc ! – avec celui de l’amnésie infantile (basculant dans l’oubli tout ce qui précède, où la pensée n’était localisée et enfermée dans ce corpus que parce qu’on l’a ensuite décidé).
Or la mort n’est en réalité qu’un passage, qui mène nécessairement à l’un, le néant, ou à l’autre, la vie de l’âme dans le seul esprit ; nulle part ailleurs.
Et c’est nous qui choisissons, personne d’autre pour nous (Dieu ou Nature, parents, à qui on délègue la « bonne réponse » quand on préfère cocher « ne sais pas »). C’est du reste toujours nous qui le disons, et qui projetons aussi ces pensées sur des entités extérieures, comme sujet, ainsi que Kant nous l’a appris.
Accepter un tel choix est le prix de la liberté, le refuser c’est y renoncer. Mais qui veut vraiment de la liberté ?
Vendredi de Pâques