La diffusion de l’ignorance

Ne pas permettre de voir ou maintenir dans l’ignorance de quelque chose, une production quelconque, une idée, une conception ou vision du monde, une simple opinion, peut se faire d’au moins deux façons.

En empêchant que ce quelque chose apparaisse au grand jour, dans l’espace public, comme cela se faisait autrefois, par l’interdiction de prise de parole, d’imprimatur, d’édition et de diffusion. Ou alors, comme on le fait aujourd’hui, en noyant ce même objet de pensée dans un espace de communication aussi vaste que plusieurs océans, avec le libre accès de tout un chacun aux pensées de tous, grâce à internet et aux réseaux sociaux.

Là où l’on devait autrefois refuser l’accès à un éventuel savoir, on peut aujourd’hui se contenter de largement répandre l’invisibilité de celui-ci. L’on est en quelque sorte passé de l’ignorance de la diffusion à la diffusion de l’ignorance.

C’est incontestablement un progrès. En tout cas pour celui qui émet sa pensée, qui peut ainsi s’imaginer que sa production est considérée quelque part, par quelqu’un, s’en remettant au destin ou au hasard suivant sa croyance, et même si, au fond, le résultat n’est guère différent.