Pourquoi j’écris

Au moment où je décide de composer ce billet, lorsque j’en frappe les premiers mots, le sujet ni le titre ne m’apparaissent encore. Je me demande alors aussitôt pourquoi j’écris. Et de remplir dare-dare la case correspondant à cet intitulé. La suite vient alors : j’écris tout simplement, comme je le dis ailleurs, parce qu’écrire m’aide à penser et à donner du sens à ce que je suis en train de vivre. Il m’arrive aussi, souvent, d’aller et venir, de faire, de parler même, et d’en oublier complètement le sens véritable. Je n’en suis ni plus fier ni plus contrarié pour autant; c’est comme ça.

Mais je sais aussi, pour l’avoir éprouvé, que cet instant de mise à l’écriture peut correspondre au contraire à une paralysie psychique et motrice, empêchant l’acte concret. L’expérience répétée d’avoir commencé tout de même mes phrases lorsque j’avais ce sentiment de doute à l’esprit me permet maintenant facilement d’écrire en me souvenant que cela m’aide à réfléchir (sauf quand je fais la liste des courses, évidemment, où il ne s’agit que d’un pense-bête). C’est exactement ce que je fais en rédigeant ce billet. La confiance vient de la remémoration du bénéfice. Cela bien entendu même si, le plus souvent, et comme tout un chacun, je pense aussi sans écrire quoi que ce soit.

Peut-être le travail d’écriture fait-il que je ne prends pas cette peine sans que ce soit pour de bonnes raisons ; c’est ainsi que j’évite de m’y mettre pour dire des trivialités, ou rester dans des sous-entendus plus ou moins conscients. Aussi étrange que cela puisse paraître, on m’en a fait parfois grief. Cela aussi, je sais maintenant passer outre en me consacrant à ce qui me donne le plus de satisfaction personnelle : chercher la fin de toute chose, soit simplement dit philosopher. C’est là mon but pour comprendre.

On peut dire également, et certains aiment à le mettre en avant, que l’on écrit pour transmettre, pour témoigner, par souci premier du lecteur, voire pour la postérité. Non seulement cela fait tout de suite plus grandiloquent mais, honnêtement, ce n’est le premier mouvement que pour la vie côté cour ; côté jardin c’est bien plus simple, on écrit d’abord pour soi. Que cela puisse ensuite intéresser autrui ne peut être qu’une récompense bienvenue. Je dirai même que c’est valable en général dans les rapports humains, à l’oral comme à l’écrit.