En cette période de Perséides, quelques heures sous les étoiles m’ont permis hier et avant-hier d’observer ces météores à la fois si proches et si lointains, les fameuses ☄️étoiles filantes. Il y en eu de très belles et très remarquables par l’intensité de leur trajectoire lumineuse, par leur belle couleur verte pour certaines, par leur orientation, presque toujours vers le sud, là où tend notre cœur selon un grand défricheur de l’inconscient. Mais de pluie d’étoiles, il n’en fut rien ! Dans mon souvenir, la fréquence a été bien plus forte à d’autres occasions, puisqu’il s’agit d’un phénomène qui revient régulièrement.
Peu importe, au fond, puisque la trente ou quarantaine de traces de lumière observées deux nuits consécutives est largement suffisante pour vivre tout à loisir ces moments enthousiasmants; pour y méditer aussi.
Je suis toujours fasciné par la profondeur du ciel telle que nous la montre l’intensité lumineuse variée des étoiles. Plus attentivement on le regarde – confortablement installés loin de toute autre source lumineuse distrayante – et plus clairement on voit les étoiles qui nous ont transmis la lumière qui nous parvient aujourd’hui depuis le plus longtemps avant de disparaître, les plus petites, celles qui étaient les plus éloignées. La multitude qui nous apparaît alors est simplement extraordinaire. Cette intense présence au moment donné nous permet de voir ce que l’on ne voit d’habitude jamais. Et de réaliser concrètement le lien entre espace et temps.
Mon épouse, avec qui je passais ces belles nuits, a alors remarqué de façon apparemment paradoxale qu’un tel moment permettait de mieux sentir notre être au monde, notre présence dans notre environnement, sur le plancher des vaches. Ou, de façon réversible, levant alors le paradoxe, que c’est parce que nous y sommes vraiment, conscients de cette présence au monde, que nous pouvons observer pleinement (et non superficiellement) ce spectacle universel qui s’offre à nous. J’ai alors réalisé que c’est bien en effet parce que nous sommes pleinement là que nous pouvons quitter cette présence un jour.
C’est parce que nous sommes dans une maison que nous pouvons en sortir. Cela vous paraît bête à dire ? Tant que nous n’y sommes pas vraiment, préoccupés, d’une certaine façon sur le pas de la porte, n’entrant ni ne sortant, nous ne l’occupons pas pleinement, même si nous pouvons y déambuler à loisir. Pour utiliser une autre métaphore, et pour revenir à la montagne, lieu de notre observation, on fait comme ferait un alpiniste ayant perdu la raison et qui, suite à son ascension, penserait rester au sommet, refusant de descendre.
Etre au monde et en sortir un jour n’est ainsi pas le moins du monde contradictoire, mais parfaitement complémentaire. Lorsqu’on n’y est pas vraiment, pas à son aise, pas satisfait, on cherche à garder fantasmatiquement cet être-là en réserve, pour plus tard, par crainte d’en sortir, repoussant perpétuellement la descente. Mais il s’agit d’un fantasme, non de la réalité. On se raconte alors que tout est toujours possible, ou infini, alors que c’est précisément la finitude qui nous caractérise comme être humain.
Pour quitter vraiment un jour les étoiles, ou du reste une nuit, et par la même occasion quitter les illusions dans lesquelles nous croyons vivre, il est préférable de sortir les voir vraiment ! Et d’en jouir.